La faille du protocole SS7, système clé de signalisation interopérant entre opérateurs téléphoniques depuis plusieurs décennies, révèle une vulnérabilité structurelle majeure des réseaux mobiles actuels. Initialement conçu pour garantir l’établissement et le routage des communications téléphoniques, SS7 permet aussi l’échange d’informations essentielles telles que la localisation d’un abonné. Néanmoins, son architecture ouverte et son manque de mécanismes de sécurité robustes laissent la porte ouverte à des intrusions et interceptions par des acteurs malveillants, défiant l’intégrité des systèmes d’authentification, notamment ceux cherchant à sécuriser les échanges via des SMS de validation à double facteur. Cette problématique illustre un paradoxe déjà mis en lumière par la pensée critique sur la technologie, où l’innovation technique génère simultanément de nouvelles fragilités et risques.
D’un point de vue philosophique, cette situation est éclairée par le concept de « technique » chez Bernard Stiegler, pour qui la technique est à la fois condition de l’émancipation et source potentielle d’aliénation. Le système SS7 incarne cette dualité : facilitant la communication mondiale, il engendre aussi une forme de surveillance et de contrôle potentiellement intrusive, menaçant la confidentialité individuelle. Plus globalement, ce cas souligne les limites des infrastructures technologiques héritées devenues obsolètes face aux exigences contemporaines de cybersécurité, et l’impératif d’une révision systémique inspirée par des pensées comme celles de Michel Foucault sur la biopolitique et le pouvoir disciplinaire, qui s’exercent désormais par les réseaux numériques.