Le ministère des Armées français a institué en 2025 le Commissariat au numérique de défense (CND), restructurant ses services numériques en une entité unifiée placée sous l’autorité directe du ministre. Cette réorganisation s’inscrit dans le cadre des mutations contemporaines de la guerre, où le numérique devient un élément central de la puissance militaire, évoquant la notion de « puissance algorithmique » chère à Bruno Latour, qui souligne la montée des réseaux socio-techniques dans la gouvernance des sociétés contemporaines. Le CND fusionne plusieurs entités clés pour rationaliser et renforcer la cohérence stratégique des politiques numériques de défense, intégrant gestion des données, infrastructures, cybersécurité et intelligence artificielle. Sous l’égide d’un officier général, le CND exerce une fonction politique et opérationnelle, alignant les technologies de l’information sur les besoins militaires et administratifs tout en garantissant souveraineté et résilience, concepts que l’on peut rapprocher de la pensée de Michel Foucault sur la biopolitique et la gouvernance des populations par des dispositifs techniques. Ainsi, le CND symbolise un passage vers une « usine à guerre numérique » intégrée, où la centralisation répond aux défis d’une compétition technologique incessante. Ce modèle illustre une approche systémique du numérique comme infrastructure stratégique, mettant en lumière les interactions entre technologie, pouvoir étatique et sécurité nationale.