Le phénomène du *Shadow IA* s’inscrit dans la continuité du *Shadow IT*, mais avec une complexité accrue liée à l’intégration d’intelligences artificielles non autorisées dans les pratiques professionnelles. Cette tendance illustre une forme d’auto-organisation des salariés face aux limites perçues des outils officiels, rappelant les analyses de Michel Foucault sur la micro-politique des institutions, où des pratiques déviantes émergent pour contourner les rapports de pouvoir formels. L’usage non contrôlé de l’IA génère des risques majeurs, notamment en matière de sécurité des données et de conformité, ce qui peut fragiliser la régulation interne des entreprises dans une économie numérique dominée par la vitesse d’adoption technologique.
Du point de vue des théories de la sociologie des organisations, ce phénomène reflète un désaccord latent entre les instances managériales et les agents, où la technologie devient un levier d’autonomie mais aussi un vecteur de vulnérabilités. Le Shadow IA, en brouillant les frontières entre contrôle et autonomie, interroge les modèles classiques de gouvernance informatique et appelle à un rééquilibrage entre innovation technologique et maîtrise des risques. Des réponses stratégiques s’inspirant des approches systématiques en gestion des risques, combinées à une sensibilisation éthique et à une réforme des politiques internes, sont nécessaires pour dépasser cette ambivalence entre opportunités et menaces.