Le rapport récent de la Cour des comptes sur la cybersécurité en France révèle une réponse étatique fragmentée face à l’escalade des cybermenaces, qui s’inscrit dans un contexte de guerre hybride mêlant stratégies géopolitiques et vulnérabilités numériques. Cette analyse souligne que les systèmes d’information civils demeurent exposés, en partie à cause d’une gouvernance éclatée et de ressources insuffisantes, ce qui fragilise la souveraineté numérique nationale. On peut rapprocher cette critique des concepts de la théorie de la sécurité internationale, notamment la notion de « sécurité complexe » développée par Ken Booth, qui insiste sur l’interdépendance des menaces et la nécessité d’une approche globale. La Cour formule notamment des recommandations visant à renforcer l’autorité du SGDSN, clarifier les responsabilités ministérielles, et promouvoir une culture de cybersécurité à l’échelle institutionnelle et opérationnelle. Ce constat rejoint les questionnements de la pensée critique sur la bureaucratie et la gouvernance étatique, telles que celles d’Ulrich Beck sur la « société du risque », où l’incapacité à anticiper et gérer les dangers technologiques entraîne une fragilisation des institutions. En somme, le rapport invite à dépasser les réponses ponctuelles pour envisager une politique cybernétique stratégique et intégrée, condition sine qua non pour garantir la résilience face à une menace transversale, permanente et stratégique.