L’intégration de l’intelligence artificielle dans le design UX représente un défi majeur combinant des dimensions techniques, éthiques et conceptuelles. Claire Lebarz, CTO de Malt, illustre cette complexité en exposant comment la mise en œuvre d’une fonctionnalité IA performante, telle qu’AI Search, ne repose pas uniquement sur la maîtrise technologique mais aussi sur une collaboration étroite entre ingénieurs et designers afin de garantir une expérience fluide et accessible. Ce processus rappelle la vision interactionniste en sciences sociales, où la co-construction des acteurs (ici humains et machines) est essentielle pour aboutir à une interface ergonomique et intuitive.
Du point de vue théorique, cette dynamique fait écho à la pensée de Don Norman sur l’importance de l’« affordance » en design, c’est-à-dire la capacité d’un objet à suggérer son usage sans obstacle cognitif. L’IA doit ainsi s’insérer dans l’expérience comme un facilitateur, et non comme une complexité supplémentaire. Par ailleurs, l’essor de l’IA soulève des enjeux proches des analyses critiques d’Hannah Arendt sur la « banalité du mal » dans les systèmes automatisés, en incitant à une vigilance accrue quant aux biais algorithmiques, à la transparence et à l’éthique.
Enfin, la complémentarité entre intelligence humaine et artificielle met en lumière la tension entre automatisation et créativité, évoquée aussi par des courants post-humanistes, qui voient dans la collaboration homme-machine un levier d’innovation continue, tout en soulignant les limites persistantes de l’IA face à l’empathie et à la compréhension contextuelle. Ainsi, l’intégration de l’IA en UX design dépasse le simple calcul fonctionnel pour s’inscrire dans une réflexion plus large sur la co-évolution technologique et cognitive des interfaces.